Confinement pour cause de coronavirus : opportunité pour revoir notre business model ?
Nous voici au quatrième jour de confinement. Passez le premier choc psychologique d’un arrêt brutal de nos activités, nous entrons maintenant dans une phase de réflexion à deux niveaux :
- Comment survivre au regard des problématiques financières que cela induit ?
- Quelles sont les remises en cause fondamentale de chaque business modèle ?
Survivre à court terme en limitant l’impact financier.
Le premier réflexe attendu sera pour la plupart des acteurs économiques, le gel de tous les règlements. Les impôts et taxes du fait des mesures gouvernementales annoncées, mais également les fournisseurs qui ont déjà livré des produits ou des prestations de services.
Comportement humain pour ceux dont le statut de chef d’entreprise n’est, par essence, pas celui le mieux protégé lorsque l’entreprise connaît des périodes de turbulence. Je parle bien sûr TPE – PME – PMI, soit 99.8% des entreprises en France.
Toutefois cette rupture dans la chaine de valeur, considérée comme un bénéfice personnel à court terme, risque d’être fort dommageable avec des conséquences irréversibles à moyen et long terme.
Car elle remettra en question irrémédiablement l’interaction construite au fil du temps avec partenaires et fournisseurs pour livrer nos propres clients. Certains n’exerceront plus, et la confiance des autres verra son taux diminuer.
A cette heure les conséquences sont les mêmes pour les deux principaux profils d’entreprises. Celles déjà fragilisées par des pertes antérieures avec de faible capacité d’autofinancement qui avaient besoin d’un regain d’activité pour « se refaire » et les entreprises dont la situation est un peu plus confortable pour leur trésorerie à court terme mais dont l’arrêt d’activité peut être particulièrement préjudiciable au regard des emprunts à honorer, des loyers à payer, de la situation personnelle du chef d’entreprise, des achats de matières premières éventuelles qui ne pourront plus être transformées…
Cette période de gestion à court terme sera donc administrative et financière :
- Être à l’affût des solutions gouvernementales et agir rapidement auprès des différents interlocuteurs (services des impôts, l’URSSAF et les différentes caisses sociales, les partenaires bancaires, les assurances)
- Etablir un plan de trésorerie d’urgence. Poursuivre ses relances clients en envisageant éventuellement un échéancier, régler les fournisseurs pour qu’ils restent vos partenaires lors de la sortie de crise.
Elle devra toutefois n’être qu’un prélude à des actions plus profondes pour remodéliser notre business model. Les logiques d’hier, mises à rude épreuve aujourd’hui, vont inévitablement être analysées et pour certaines d’entre elles abandonnées grâce à nos capacités de créativité et d’innovation.
Réfléchir désormais à un business model plus pérenne pour nos entreprises.
Nous sommes tous acteurs de l’économie réelle. Cette économie réelle créatrice de valeurs et de richesses.
Cette économie qui est à la base de notre existence mutuelle (nos besoins d’alimentation, de nos services de santé, de la nécessaire construction de logements, de la fourniture de matériels divers pour notre quotidien, de moyens de transports etc…)
Notre statut d’acteur est né de l’étendue de nos connaissances, de nos expériences et de nos enthousiasmes à créer, innover, fabriquer, distribuer dans une logique de complémentarité de nos différents profils.
Cette crise nous met tous au pied du mur et nous éclaire sur les limites d’une vision macro-économique concentrée sur les rendements financiers. C’est un simple constat aux vues du nombre d’entreprises en France capables de faire des masques pour les hôpitaux (4 aux dires de notre premier ministre) ou notre manque de capacité industrielle à fournir des appareils respiratoires.
Cette crise est le reflet d’une menace de grande envergure (car elle ne s’arrêtera pas aux simples conséquences sanitaires) sur la pérennité de nos entreprises. Elle nous convie donc à trouver les stratégies et les ressources pour pérenniser nos existences.
Et pour préparer ce « rebond salutaire » en vue de la poursuite de nos activités ou en en créant d’autres, peut-être pourrions-nous mettre à profit cette phase de confinement pour :
- Se former grâce aux MOOC et autres formations en ligne sur les sujets pour lesquels vous souhaitez acquérir plus de compétences.
- En profiter pour former vos collaborateurs lorsque c’est possible.
- Revoir les organisations internes, s’adapter pour assurer un service minimum (rotation des équipes si c’est envisageable)
- Repenser nos business modèles : Méthodologies, Sources d’approvisionnement, partenariats, etc…
- Utiliser la matrice SWOT pour approfondir nos réflexions et faire nos choix en conscience et en anticipation en lien avec les opportunités et les menaces.
- Privilégier une économie orientée sur la demande réelle au dépend d’une économie basée sur la consommation compulsive.
- Repenser les outils qui concourent à notre productivité et à notre rentabilité : quelle place à la digitalisation ?
- Etc…
En tout état de cause un management de situation de crise s’impose pour tous. La collaboration et la réunion de nos intelligences collectives peuvent être une vraie force.
L’Entraide et la collaboration entre tous les acteurs du tissu économique de nos territoires est au-delà du bon sens une nécessité pressante pour chacun de nous.
Marie-Elisabeth TAKACS
Fondatrice de MEli Business
Mars 2020